En France, l’âge moyen du premier visionnage pornographique est de 14 ans pour la moitié des adolescents. Selon le Gouvernement français, les sites pour adultes ne prennent pas les mesures nécessaires pour les protéger de ce genre de contenu.
Responsabiliser les sites pour adultes et leurs utilisateurs
Dans le cadre de la loi sur les violences conjugales, déjà existante, le Sénat adopte en juillet un amendement relatif à la protection des mineurs quant à leur accès au contenu pornographique. Le message est clair ; les éditeurs de sites seront maintenant obligés de mettre en place les moyens techniques pour vérifier l’âge de chaque utilisateur.
Le CSA se voit donc attribuer de nouveaux pouvoirs : adresser d’abord une mise en demeure pour obliger le site à se conformer à la loi, puis, si celui-ci ne s’exécute pas, il sera en mesure de bloquer son accès avec l’aide des FAI ou du déréférencement.
Qu’en est-il des moyens techniques en eux–même ? Le gouvernement ne les connaît pas encore. On évoque la possibilité d’une passerelle entre les sites pornographiques et le service d’identification commun France Connect. Ce projet a été assez vite abandonné du fait que ce système regroupe non seulement l’identité complète des utilisateurs, mais également les informations relatives à leurs impôts et à leur assurance-maladie.
Des informations précieuses qu’il serait hautement risqué de partager, en particulier sur un site classé X, première cible des cyberattaques.
Les fuites de bases des données utilisateurs
Aujourd’hui, la protection des données personnelles est un véritable enjeu. En France, ce sont 40 % des utilisateurs qui craignent que leurs données soient utilisées contre leur gré.
Et ce, pour une bonne raison : en 2019, les fuites de données sont en hausse de 50 % comparé à l’année précédente, soit 2,3 milliards de fichiers exposés !
Ces pertes peuvent être accidentelles, mais la plupart du temps, elles sont malveillantes. L’an dernier, c’était le cas pour 54 % d’entre elles, dont une majorité de piratage en ligne.
En mai 2020, le site CAM4 qui diffuse des shows pornos par webcam, s’est fait pirater les données de 4 millions de Français. Dont des informations très personnelles telles que le nom, l’adresse e-mail et l’activité personnelle de navigation sur le site en question.
Protéger ses données personnelles est donc primordial aujourd’hui. Des solutions existent, la première étant l’utilisation d’un VPN. Ce système serait d’ailleurs utilisé par 41% des visiteurs de site pour adultes pour contourner cette nouvelle réforme du gouvernement.
Le blocage de sites « non-homologués » en France, comme un parfum de déjà-vu
Il y a 10 ans, suite au lancement du marché des paris en ligne en France, naît la loi relative à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d’argent en ligne.
L’Autorité de Régulation des Jeux En Ligne (ARJEL) met alors en place un cahier des charges qu’elle soumet aux opérateurs de jeux en ligne. De la même manière que le CSA, si les sites ne se conforment pas à la charte, l’ARJEL a le pouvoir de bloquer leurs accès.
En France en 2017, c’est près de 3 millions de personnes qui jouent régulièrement en ligne, et un tiers de ces joueurs fréquentent des sites illégaux. Et en 2020, d’après une étude Ipsos, il y aurait ainsi près de 500.000 joueurs français qui joueraient sur des sites de casino en ligne illégaux.
Suite aux demandes de l’ARJEL en 2018, seulement 498 mesures de blocage étaient mises en œuvre. Mais les sites de jeux en ligne illégaux subsistent et installés à Chypre et dans les Caraïbes, ils sont hors de portée pour la législation française.On se doute alors que tout comme l’ARJEL, le CSA aura considérablement de mal à contrôler et réguler l’accès aux mineurs sur les sites classés X. D’une part, à cause de la complexité technique de réalisation, mais aussi face à la multitude de sites existants : en effet, ces sont plus de 2 millions de sites pour adultes qui sont accessibles en un clic depuis la France.